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Qu'est-ce que la microfinance ?
1. Qu'est-ce que la microfinance ?
2. Quelles sont les différentes formes d'institutions de microfinance ?
3. Qu'y a-t-il de "fondamentalement nouveau avec le microcrédit" ?
4. Quand la microfinance a-t-elle démarré ?
5. Qui sont les clients de la microfinance ?
6. En quoi la microfinance aide-t-elle les pauvres ?
7. Quand la microfinance n'est-elle pas un instrument approprié ?
8. Pourquoi les IMF appliquent-elles des taux d'intérêt si élevés à leur clientèle ?
9. Les pauvres ne sont-ils pas trop pauvres pour épargner ?
10. Qu'est-ce qu'une institution de microfinance (IMF) ?
11. La microfinance peut-elle être rentable ?
12. Quel est le rôle des gouvernements pour le développement de la microfinance ?
Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la microfinance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir de très petits crédits (« microcrédit ») à des familles très pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises. Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la finance partout dans le monde, y compris dans les pays développés, la microfinance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et une clientèle plus étendue également. Dans ce sens, la microfinance ne se limite plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel.
Au cours des vingt dernières années, on a vu se développer de nombreuses organisations actives en micro finance. Il existe, de nombreux cas plus ou moins différents de par le monde et trois courants essentiels coexistent dans cette démarche :
- Le premier, d'inspiration plus coopératif, a cherché à mettre en place ou à renforcer des organisations populaires où les micro entrepreneurs étaient à la fois épargnants et emprunteurs du système. Sa spécificité est de vouloir construire des institutions à partir de leurs bénéficiaires, c'est en cela qu'on y retrouve un côté coopératif plus affirmé.
- Le second, illustré notamment par la BRI en Indonésie, a consisté à transformer une banque existante (ou dans le cas de la BRI une partie de cette banque) de manière à la spécialiser en direction des micro entrepreneurs.
- Le troisième a mis sur pied des ONGs ayant pour vocation de réaliser elles-mêmes l'intermédiation financière. On a ainsi vu la création d'ONG de microfinancement qui, après s'être procuré des fonds, soit au travers de donations soit au travers d'emprunts, octroyaient elles-mêmes des crédits aux micro-entrepreneurs. Dans ce dernier cas, l'accent a surtout été mis sur l'octroi de crédit, la collecte de l'épargne étant généralement interdite aux ONGs.
Parallèlement, on doit souligner que depuis une dizaine d'années à peine, il existe aussi des cas de banques privées à vocation commerciale qui pour des raisons de stratégie propre, se sont orientées vers la microfinance.
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Pour Maria Nowak, fondatrice de l'Association pour le droit à l'initiative économique (France), "la différence principale, par rapport au crédit classique, est qu'il est orienté sur une cible nouvelle : les pauvres et les exclus. Il reconnaît leurs talents, leurs besoins et leur capacité à rembourser les prêts. Au lieu de les éliminer, par avance, de la clientèle du crédit parce que les méthodes, les critères et les garanties ne sont pas adaptés à leur situation, il invente des méthodes et des garanties qui leur conviennent. Au lieu de leur imposer l'objet de leur prêt, ( ) il est à l'écoute de leurs besoins. Il permet ainsi de découvrir que les gens exclus du crédit bancaire sont, comme les autres, dotés de l'esprit d'entreprise, de la capacité de jugement et qu'au surplus, ils remboursent plutôt mieux que les riches." Microcrédit comme microfinance s'adressent à cette cible nouvelle. Mais l'un et l'autre ne proposent pas les mêmes services.
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Le microcrédit a pris véritablement son essor dans les années 1980, bien que les premières expérimentations remontent au début des années 1970 au Bangladesh en particulier et dans quelques autres pays. Par rapport à la situation antérieure qui se caractérisait grosso modo par l'octroi de crédits subventionnés effectués le plus souvent par des non spécialistes, la différence tient à l'importance accordée au remboursement, à la fixation d'un taux d'intérêt couvrant le coût de la prestation du crédit, et au ciblage de groupes de clients n'ayant le plus souvent pour seule autre source de crédit que le secteur informel. L'accent est donc mis aujourd'hui sur la création d'institutions locales pérennes destinées à servir les pauvres. En Afrique, les pratiques de la microfinance sont encore plus anciennes, surtout celles qui relèvent de la collecte de la petite épargne. Dans des pays comme le Burkina Faso ou le Cameroun par exemple, les premières coopératives d'épargne et de crédit ont vu le jour au cours des années 60.
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Le client type des services de microfinance est une personne dont les revenus sont faibles et qui n'a pas accès aux institutions financières formelles faute de pouvoir remplir les conditions exigées par ces institutions (documents d'identification, garanties, dépôt minimum etc.). Il mène généralement une petite activité génératrice de revenus dans le cadre d'une petite entreprise familiale.
- Dans les zones rurales, ce sont souvent de petits paysans ou des personnes possédant une petite activité de transformation alimentaire ou un petit commerce.
- Dans les zones urbaines, la clientèle est plus diversifiée : petits commerçants, prestataires de services, artisans, vendeurs de rue, etc.
On les dénomme généralement sous le terme de micro-entrepreneur et la plupart de ces micro-entrepreneurs travaillent dans le secteur informel ou non structuré. C'est donc aux individus qui composent ce segment de marché exclu ou mal servi par les institutions financières classiques (banques, assurances) que s'adresse la microfinance.
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L'expérience montre que la microfinance peut aider les pauvres à :
- augmenter leur revenu,
- créer des entreprises viables,
- sortir ainsi de la pauvreté.
Elle peut également constituer un puissant instrument d'émancipation en permettant aux pauvres, et en particulier aux femmes, de devenir des agents économiques du changement. En effet, en donnant accès à des services financiers, la microfinance joue un rôle important dans la lutte contre les nombreuses dimensions de la pauvreté. Par exemple, les revenus générés par une activité non seulement permettent à cette activité à se développer mais ils contribuent également au revenu du ménage, et par là même à la sécurité alimentaire, à l'éducation des enfants, à la prise en charge des soins de santé etc.
Selon Michel Lelart (CNRS-Université d'Orléans), membre du Réseau Entrepreneuriat de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) : "La microfinance repose sur le lien social et s'en sert"....."La microfinance est une finance de proximité, proximité géographique bien sûr, car les personnes se connaissent et se cautionnent parfois mutuellement, mais surtout culturelle. Elle est toujours adaptée aux besoins, c'est pourquoi elle innove en permanence : ce sont des services d'assurance ( ), ce sont aussi les services de transferts de fonds utilisés par les migrants".
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C'est surtout au niveau du crédit que la microfinance montre ses limites. En effet, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, le microcrédit, comme tout crédit d'ailleurs, doit être remboursé. Il nécessite donc au niveau de l'emprunteur une bonne capacité de remboursement, aptitude qui bien entendu s'amoindrit si la personne est très pauvre, sans revenus fiables pour lui permettre de rembourser un prêt. Octroyer un prêt à de tels individus risque plutôt d'aggraver leur situation d'endettement et de pauvreté.
Souvent les gouvernements et les agences de coopération souhaitent utiliser la microfinance comme un outil de résolution de divers problèmes sociaux. Victimes d'inondations ou d'autres catastrophes naturelles, réfugiés fuyant les conflits, nouveaux diplômés de la formation professionnelle, chômeurs, autant de types d'individus se trouvant dans une situation de précarité que les gouvernements sont tentés de vouloir aider par le microcrédit depuis que celui-ci a été « vendu » comme un excellent outil de réduction de la pauvreté. Les programmes de microcrédit conçus pour ce type de situation fonctionnent cependant rarement. Ils enregistrent le plus souvent des taux d'impayés ou de non remboursement très élevés. L'utilisation dirigée de la microfinance pour résoudre des défis de développement dans des situations où la base de la subsistance des populations est détruite ou très précaire a rarement été un succès.
Le microcrédit se révèle par contre le plus utile pour ceux qui ont identifié une opportunité économique et qui sont en situation de faire fructifier cette opportunité s'ils ont la possibilité de se procurer une petite somme d'argent au moment où ils en ont besoin. Ainsi, les personnes pauvres qui travaillent dans des économies stables ou en croissance, qui ont démontré leur capacité à conduire les activités proposées dans un esprit d'entreprise et leur engagement à rembourser leurs dettes, sont les meilleurs candidats pour le microcrédit.
L'univers des clients potentiels s'élargit cependant de manière exponentielle si l'on prend en compte le concept plus large de la « microfinance ». Par exemple, au niveau de l'épargne ou de la sécurisation des petites économies, il est encore difficile aujourd'hui dans beaucoup de pays d'ouvrir un simple compte dans une institution bancaire faute de remplir toutes les conditions exigées (carte d'identité, dépôt minimum qui est souvent un maximum pour les populations pauvres etc.). De plus, les banques n'ont bien souvent de guichets ou d'agences que dans les capitales ou les villes secondaires importantes, ce qui donc exclut directement une bonne partie de la population.
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Fournir des services financiers à des personnes à revenus modestes revient cher, particulièrement en proportion des montants des transactions concernées. C'est d'ailleurs l'une des principales raisons pour lesquelles les banques n'octroient pas de petits prêts. Un prêt de 100 €, par exemple, exige pour son traitement le même personnel et les mêmes ressources qu'un prêt de 10.000 €, ce qui augmente considérablement le coût par unité de transaction.
En microfinance, les agents de crédit doivent en effet rendre visite au client à son domicile ou sur son lieu de travail, évaluer sa solvabilité sur la base d'entretiens avec la famille, le voisinage, et une fois le prêt accordé, effectuer un suivi rapproché et fréquent par le biais de visites pour renforcer la culture de remboursement. Les coûts de gestion d'une multitude de petits prêts sont donc très importants, ce qui oblige les institutions à appliquer un taux d'intérêt généralement plus élevé que celui du secteur bancaire.
L'expérience prouve aussi que les clients sont prêts à payer des taux d'intérêt assez élevés pour s'assurer un accès permanent au crédit. En effet généralement, le retour sur les investissements réalisés grâce au capital obtenu peut s'avérer bien supérieur au taux d'intérêt du crédit. Ils reconnaissent aussi que les alternatives – faire appel par exemple aux prêteurs sur gages, aux usuriers du secteur financier informel – ou l'absence de toute source de crédit sont beaucoup plus pénalisants pour eux. A titre d'exemple, les taux d'intérêt dans le secteur informel peuvent atteindre 20 % par jour pour certains vendeurs sur le marché.
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Les pauvres épargnent en permanence, même si cette épargne prend des formes moins « courantes » que l'argent :
- bijoux en or,
- animaux domestiques,
- matériaux de construction, etc.
Après tout, ils font face comme nous tous aux mêmes évènements imprévus ou récurrents qui nécessitent une somme d'argent urgente :
- maladie,
- frais de scolarité,
- agrandissement de l'habitat,
- enterrement, etc.
Certains de ces moyens d'épargne informels posent cependant problème. Il est en effet difficile de vendre par exemple un bœuf ou un zébu lorsque le ménage a soudain besoin d'une petite somme d'argent. Ou encore, si la femme a prêté son épargne à un membre de sa famille afin de la mettre à l'abri du vol (car la seule autre alternative est de la conserver sous son matelas), cet argent ne sera pas forcément disponible au moment où elle en aura besoin. Les pauvres ont donc besoin d'une épargne qui soit à la fois sûre et liquide. Ils tiennent moins compte du taux de rémunération de leur épargne, car ils ne sont pas habitués à placer leur épargne dans des instruments financiers, mais accordent en revanche une grande valeur aux mécanismes leur assurant une épargne disponible en cas d'urgence ou d'opportunité d'acquisition de biens.
Ces services d'épargne doivent être adaptés pour répondre à la demande particulière des pauvres et à leur cycle de trésorerie. Le plus souvent, les pauvres ne souffrent pas seulement de la faiblesse de leurs revenus mais aussi de leur irrégularité. Ainsi, pour optimiser l'épargne des pauvres, les institutions doivent proposer des dispositifs souples, à la fois en terme de montants déposés et de fréquence des dépôts et retraits. Pour les pauvres, le besoin d'épargne est tout aussi important que le besoin de crédit.
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En termes simples, une institution de microfinance est une organisation qui offre des services financiers à des personnes à revenus modestes qui n'ont pas accès ou difficilement accès au secteur financier formel. Au sein du secteur, le terme institution de microfinance renvoie aujourd'hui à une grande variété d'organisations, diverses par leur taille, leur degré de structuration et leur statut juridique (ONG, association, mutuelle/coopérative d'épargne et de crédit, société anonyme, banque, établissement financier etc.).
Selon les pays, ces institutions sont réglementées ou non, supervisées ou non par les autorités monétaires ou d'autres entités, peuvent ou ne peuvent pas collecter l'épargne de leur clientèle et celle du grand public. L'image que l'on se fait le plus souvent d'une IMF est celle d'une ONG « financière », une organisation totalement et presque exclusivement dédiée à l'offre de services financiers de proximité qui vise à assurer l'auto promotion économique et sociale des populations à faibles revenus.
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Oui. Contrairement aux idées reçues, certains investisseurs commerciaux considèrent aujourd'hui que la microfinance présente un niveau de risque faible pour un retour sur investissement acceptable. Bien entendu, cela concerne « le haut du panier » des institutions de microfinance, celles qui sont les plus développées, celles qui sont arrivées à maturité et qui travaillent dans des conditions réelles.
Les rapports de rating et d'évaluation externe de performance de ces institutions attestent en effet des marges de rentabilité dégagées. Certains pensent d'ailleurs qu'il s'agit de la seule trajectoire à suivre si l'on veut avoir une croissance massive du nombre de clients. D'autres s'inquiètent par contre de ce qu'un souci excessif de la recherche du profit en microfinance pousse les IMF à changer leur segment cible de clients et à servir une clientèle plus aisée capable d'absorber des montants de prêt plus importants.
Dès lors, ces institutions ne rempliraient plus leur mission originale, c'est-à-dire de permettre aux pauvres de sortir de leur situation de précarité. D'où la tendance aujourd'hui de développer également des instruments de mesure des performances sociales de ces institutions en complément de ceux habituellement utilisés pour mesurer leurs performances financières.
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Jusque récemment, les gouvernements estimaient généralement de leur devoir et de leur responsabilité de prendre une part active au « financement du développement », en conduisant par exemple de vastes programmes de crédit pour les populations défavorisées (rurales en particulier). Ces dispositifs, généralement fort coûteux, ont toutefois rarement démontré une réelle efficacité et il existe très peu d'exemples ou le crédit distribué aux pauvres par l'Etat ou ses démembrements ait été récupéré à un coût relativement acceptable.
Aujourd'hui, la tendance consiste à ne plus intervenir directement mais plutôt à faire appel à des opérateurs spécialisés en microfinance. Par contre, les gouvernements devraient beaucoup plus s'impliquer en menant par exemple une réflexion globale avec les différents acteurs sur le développement du secteur en général. Ces réflexions ont généralement pour objet d'aboutir dans les pays où la microfinance est la plus développée à la définition et à l'adoption d'une politique sectorielle.
Une telle politique peut constituer à l'appui à la mise en place :
- d'associations professionnelles,
- de centrales de risques,
- de cercles de réflexion sur le cadre réglementaire et jurisprudentiel.
Les Institutions de Microfinance
La Cameroon Cooperative Credit Union League (CamCCUL) C'est le plus grand réseau d'EMF du Cameroun. Le magazine TENDANCES du Ministère de l'Economie et des Finances de juillet 2005 dénombre 168 coopératives d'épargne et de crédit affiliées au réseau CamCCUL, un encours d'épargne de 29,08 milliards de FCFA et 21,87 milliards de crédit. Son siège social est à Bamenda. Elle a créé la Union Bank of Cameroon (UBC) en 1999. Contact : M. Musa Shey Nfor (Président) - Tél: +237 754 40 30 P.O. Box 211, Bamenda - Cameroun Tél: +237 336 13 77 ; +237 336 17 63 Email: infor@camcculltd.org
Le réseau des MC² Ce sont des microbanques de développement rurales créées et gérées par les populations avec l'assistance technique de l'ONG ADAF (Appropriate Development for Africa Foundation), et sous le parrainage de Afriland First BanK, une banque privée. Ce réseau compte à ce jour 61 MC² sur les 10 provinces que compte le Cameroun. Pour plus d'information, consulter le profil de MC² sur le MIX Market (informations en français et en anglais) Contact : Dr. Justin Bombda (Secrétaire Exécutif) B.P. 11 646 Yaoundé – Cameroun Tél: +237 220 07 67 Fax: +237 220 07 67 E-mail: adaf@camnet.cm
Les Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit Autogérées (CVECA) Leur promotion est assurée au Cameroun depuis 1994 à travers le Projet de Crédit Rural Décentralisé (PCRD) du Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (MINADER). On compte aujourd'hui plus d'une centaine de CVECA dans trois provinces du Cameroun. Ces caisses son encadrées par Microfinance et Développement (MIFED), une ONG qui assure l'exécution du PCRD. Elles reçoivent des refinancement de la BICEC (Banque Internationale pour le Crédit et l'Epargne au Cameroun). Pour plus d'information, consulter le profil de MIFED sur le MIX Market (informations en français et en anglais) Contact : Simon Yon Tjega (Directeur) Tél/Fax: +237 220 54 86 Autres tél: +237 220 11 39 / 992 52 02 E-mail: mifedcn@yahoo.fr Internet: www.aidr.org
Mutuelle Financière des Femmes Africaines (MUFFA Cameroun) Coopérative d'épargne et de crédit exclusivement dédiée aux femmes, avec des agences à Yaoundé, Douala et Bafoussam. Elle recoivent l'assistance technique de l'ONG ADAF (Appropriate Dévelopment for Africa Foundation) et le parrainage de Afriland First Bank. Pour plus d'information, consulter le profil de MUFFA sur le MIX Market (informations en français et en anglais) Contact : Alice Tchepannou (Directrice Générale) B.P. 11 646 Yaoundé – Cameroun Tél : +237 223 07 48
Coopératives d'Epargne et de Crédit des Promotrices (CEC PROM) Coopérative exclusivement dédiée aux femmes, basée à Douala, Yaoundé et Saa. Elles ont été mises sur pied avec l'appui de la coopération canadienne (ACDI). Contact : Tél : +237 222 04 12 Yaoundé – Cameroun
ACEP Cameroun Ce projet a pour mission de répondre à la demande en crédits de très petites entreprises en milieu urbain. Pour plus d'information, consulter le profil de ACEP Cameroun sur le MIX Market (informations en français et en anglais) Contact : B.P. 14 614 Yaoundé Tél: +237 221 98 70
SOS Women Une coopérative d'épargne et de crédit essentiellement pour femmes. Pour plus d'information, consulter le profil de SOS Women sur le MIX Market (informations en français et en anglais) Contact : B.P. 12 100 Yaoundé Tél/Fax: +237 223 41 75 / 223 22 60 E-mail: soswomen@gcnet.cm
En plus des principaux réseaux d'IMF, on observe au Cameroun un très grand dynamisme des IMF indépendantes (non affiliées aux réseaux). Celles-ci ont été presque toutes créées de manière endogène (sans subventions extérieures) à la faveur de la loi de 1990 sur les libertés d'association, et de 1992 sur les coopératives et groupes d'initiative commune. Elles se déploient sur le terrain par le biais des agences, et couvrent actuellement toutes les 10 Provinces du Cameroun, et presque tous les Départements. En avril 2005, le Ministère de l'Economie et des finances dans son magazine « Tendances » a signalé 156 institutions de microfinance indépendantes, et qui totalisaient une épargne de 63,7 milliards de FCFA, et un encours de crédit 6 milliards de FCFA. Il convient également de signaler que ces IMF sont très dynamique dans le transfert rapide d'argent. A la suite du règlement CEMAC sur l'activité de microfinance, les plus importantes parmi elles ont choisi la 2ème catégorie, celle des IMF qui traite avec les non membres. Elles devaient en conséquence prendre le statut de sociétés anonymes. Parmi ces institutions, l'on peut citer :
- Compagnie Financière de l'Estuaire (COFINEST).
- Crédit Communautaire d'Afrique (CCA).
- Coopérative Mutuelle d'Epargne et de Crédit d'Investissement (COMECI)
- Crédit du Sahel
- Caisse Populaire Coopérative d'Epargne et de Crédit du Littoral (CAPCOL).
- Crédit Mutuelle du Cameroun
- 1st Trust
- Société Coopérative d'Epargne et de Crédit du Cameroun (CEC Cameroun)
- La Régionale d'Epargne et de Crédit
- First Investment For Financial Assistance (FIFFA).
- Mutuelle d'Initiation à la Gestion de l'Epargne et Crédit (MIGEC) CABA)
- Caisse National de Crédit (CNCr)
- Générale des Coopérative pour l'Epargne et Investissement au Cameroun (GCEFIC)
- ALCO FUND
- Community Credit Cooperative
- Société Financière Africaine (SOFINA)
- Caisse d'Epargne et de Crédit des Artisans du Wouri (CECAW)
- Crédit et Epargne pour le Commerce et Investissement du Cameroun (CECIC)
- Etc.
Pour d'autres IMF, voir les informations disponibles sur le MIX Market qui comptabilise |
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Structuration de la profession
Selon le règlement CEMAC (n°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC) cité ci-dessus, les établissements de microfinance doivent adhérer à l'association des Etablissements de Microfinance de leur Etat. Il n'existe qu'une seule association professionnelle par Etat, au sens du règlement.
C'est dans ce sens que l'Association Nationale des Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANEM-CAM) a été créée le 23 mai 2003 lors de son assemblée générale constitutive. Elle a pour objet d'assurer la défense des intérêts collectifs des membres, organiser et gérer les services d'intérêt commun, représenter la profession auprès des autorités de tutelles, autorités monétaires et des tiers, informer ses membres et le public sous réserve du respect des dispositions de la loi sur le secret bancaire,etc. Elle compte un peu plus de 250 membres (une liste précise des membres sera établie après l'assemblée générale prévues courant premier semestre 2006). Son bureau exécutif est constitué de neuf membres.
Compte tenu des difficultés de démarrage, l'association ne dispose pas de bureau. Le plan d'action à court terme prévoit essentiellement, la location d'un immeuble pour héberger l'association, l'élaboration d'un plan d'action à moyen terme (3 ans), l'organisation de l'assemblée générale avant fin mai 2006, la création d'un site web et se donner une adresse précise.
Cadre légal, réglementaire et institutionnel
Un peu plus de 80% des IMF au Cameroun sont déclarées ou enregistrées sous le régime d'associations ou de coopérative d'épargne et de crédit, et sont ainsi régies respectivement par les lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association, et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune. De nombreuses autres IMF sont soit des sociétés anonymes, soit des projets.
Pour exercer l'activité de microfinance, les IMF après avoir obtenu leur forme juridique, doivent solliciter un agrément auprès de l'autorité monétaire (ministère des finances), qui le délivre après avis conforme de la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC). Ceci avait dans un premier temps été régi par le décret du Premier Ministre de 1998 (n°98/300/PM du 9 septembre 1998 fixant les modalités d'exercice des activités des coopératives d'épargne et de crédit, modifié et complété par le décret n°2001/023/PM du 29 janvier 2001, la procédure d'agrément)…), et depuis le 13 avril 2002, par le Règlement n°1/03/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d'exercice de l'activité de microfinance dans la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (règlement qui est entré en vigueur le 15 avril 2005). A côté de ces textes, la COBAC a publié 21 règlements (ou normes prudentielles) qui entreront en vigueur en avril 2007.
Le Règlement CEMAC ne régit par la forme juridique de l'IMF, mais seulement l'activité. Il définit la microfinance comme étant une activité exercée par des entités agréés n'ayant pas le statut de banque ou d'établissement financier et qui pratiquent, à titre habituel, des opérations de crédit et ou de collecte de l'épargne et offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l'essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel. Il définit trois catégories d'IMF : la 1ère catégorie constituée d'IMF qui ne traitent qu'avec leurs membres (ce sont les coopératives, les associations, etc.), la 2ème qui regroupe les IMF qui offrent des services financiers à des tiers (elles doivent avoir le statut de société anonyme), et la 3ème composée d'IMF qui n'offre que du crédit et n'est pas autorisée à mobiliser l'épargne.
Importance et couverture de la microfinance
La microfinance sous sa forme traditionnelle (tontine) date de plus d'un siècle au Cameroun. Elle a démarré sous la forme formelle en 1963 avec la création de la première coopérative d'épargne et de crédit (« credit union » ou caisse populaire) en zone anglophone du Cameroun sous l'impulsion de missionnaires hollandais (ces Coopec sont aujourd'hui regroupées au sein de la Cameroon Cooperative Credit Union League – CamCCUL -, le plus grand réseau d'établissements de microfinance du Cameroun. Ce réseau a même créé depuis 5 ans une banque commerciale : la Union Bank of Cameroon). Mais la microfinance n'a cependant connu un essor remarquable et s'est diversifiée qu'à partir du début des années 90s à la faveur des lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association, et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune. Il faut également signaler ici, que la crise du secteur bancaire de la fin des années 80s, et la restructuration de ce secteur qui a suivie, ont entraîné la liquidation de plusieurs banques, la fermeture de la presque totalité des guichets de banques dans les zones rurales et les petites villes, et le licenciement de nombreux cadres de banques. Ces derniers vont se reconvertir en créant de nombreuses coopératives d'épargne et de crédit (Coopec) fonctionnant ou essayant de fonctionner comme des quasi banques.
Les années 90 vont également connaître de nombreuses innovations et diversification dans le secteur de la microfinance.
C'est ainsi que l'on va voir apparaître :
- des institutions développées de manière endogène comme les MC² (Mutuelles Communautaire de Croissance) développées avec l'assistance technique de Afriland First Bank et l'ONG ADAF Appropriate Development for Africa Foundation;
- les Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit Autogérées (CVECA) appuyées par l'ONG Microfinance et Développement (MIFED) à travers le projet de crédit rural décentralisé du Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural, la BICEC et deux institutions françaises : le Centre International pour le Développement et la Recherche (CIDR) et l'Agence Française de Développement (AFD);
- les Coopec exclusivement pour femmes, dont principalement : les Coopératives d'Epargne et de Crédit pour Promotrices (CEC Prom) avec l'appui de l'Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI); et la Mutuelle Financière de Femmes Africaines (MUFFA) qui est appuyée par Afriland First Bank et l'ONG ADAF;
- les institutions qui n'offrent que du crédit, cas de ACEP Cameroun (concentré essentiellement dans les villes de Yaoundé et Douala) et de la Cameroon Gatsby Trust (CGT) ;
- de nombreux projets de développement ou agro-industriels avec un volet crédit. Cas de la Société de Développement du Coton (SODECOTON), South-West Développement Authority (SOWEDA), PREPAFEN, etc.
Ce grand engouement pour la microfinance va s'accompagner d'une crise essentiellement dans le secteur des Coopec, du fait du manque de professionnalisme et l'absence de contrôle. Ceci va amener l'autorité monétaire (ministère des finances) à prendre le contrôle de ce secteur (qui jusqu'à là était sous la tutelle exclusive du ministère de l'agriculture), à travers le décret du Premier Ministre de 1998, qui soumet désormais toutes les Coopec au régime d'agrément et au contrôle de la part du ministère des finances. Pour inclure toutes les formes d'institutions de microfinance et renforcer le contrôle et l'encadrement du secteur, un texte sous régional va être adopter par le conseil des ministres des finances de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), et signé le 13 avril 2002. Ce texte est entré en vigueur le 14 avril 2005.
L'enquête COBAC (Commission Bancaire d'Afrique Centrale) de 2000 a recensée 652 IMF sur le territoire camerounais. Le secteur de la microfinance touchait en 2000 un peu plus de 300.000 clients, soit environ 7% du marché potentiel. L'épargne mobilisée était de 35,9 milliards de FCFA, soit 6% du total de l'épargne mobilisée par le secteur bancaire. Dans la même année, il avait octroyé plus de 25,4 milliards de FCFA de crédit, représentant 4,3% du total de prêt accordé par le secteur bancaire. Ces chiffres ont considérablement augmenté ces dernières années, mais des statistiques précises n'existent pas. Les principaux réseaux d'IMF : la CAMCCUL (Cameroon Cooperative Credit Union League), les MC² (Mutuelles Communautaires de Croissance) et les CVECA (Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit Autogérées), concentraient à eux seuls plus de 62% de l'épargne collectées par les IMF, et regroupaient un peu plus de 80% des clients. Le CamCCUL détenait 55% des dépôts et plus de 64% des clients. Les enquêtes en cours, menées par la COBAC et le ministère des finances, permettront de fournir d'ici la fin de l'année 2005 des données plus précises. Mais en attendant, on peut signaler que des données collectées par le Ministère des finances entre décembre 2004 et avril 2005 font ressortir un total de 558 IMF, dont 156 institutions indépendantes (non affiliées à un réseau), 168 IMF du réseau CamCCUL, 61 IMF du réseau MC², 150 IMF du réseau CVECA, et 23 du réseau CABA (Caisses de Base).
Les principaux produits offerts par les Etablissements de microfinance au Cameroun sont l'épargne, le crédit, et les transferts de fonds.
Sur les 1021 IMF recensées en zone CEMAC (Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad) en 2000, le Cameroun comptait 64% des IMF, avec 67% des dépôts, et 86% des encours de crédits.
On note une inégale répartition des IMF sur le territoire national. En 2002, 52% des IMF fonctionnelles étaient implantées en zone urbaine contre 48% en zone rurale. Trois des dix provinces que compte le Cameroun, à savoir le Nord-Ouest, le Centre et le Littoral comptaient 60% des IMF fonctionnelles, les provinces du Sud-Ouest, de l'Ouest et de l'Extrême-Nord comprenaient 28,7% de l'ensemble des IMF, tandis que les provinces de l'Est, du Sud et de l'Adamaoua ne concentraient que 11,3% des IMF. Il convient cependant de signaler que ces dernières provinces ont les densités de population les plus faibles aussi.
Lors de l'atelier de concertation sur la mise en œuvre de la politique nationale de microfinance au Cameroun (Kribi – Cameroun, 28-30 juin 2004), les acteurs du secteur ont dressé l'état des lieux, et ont fait des constats majeurs : (i) la répartition géographique des IMF sur le territoire national est inégale, (ii) l'expansion de la collecte de l'épargne est remarquable, mais est accompagnée d'un faible coefficient de transformation des ces ressources en crédit, (iii) les dépôts sont concentrés auprès d'un petit nombre d'IMF, (iv) les ressources des IMF sont insuffisantes pour financer les besoins à court moyen et long terme de leur clientèle, (v) l'accès des IMF à des financements extérieurs est fortement limité par le manque de mécanismes de garantie adaptés, (vi) le manque de professionnalisme de certains acteurs, (vii) la concertation entre les différents acteurs du secteur est faible, (viii) les liens entre banques et IMF sont faibles, (ix) l'insuffisance de ressources pour l'expansion en zones défavorisées, (x) l'Etat joue un rôle encore insuffisant dans la promotion du secteur, du fait de l'insuffisance des moyens.
Stratégie / politique nationale de développement du secteur
Dans le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DRSP) préparé par le gouvernement camerounais, la microfinance est un axe important de la stratégie.
Pour faciliter l'accès des populations défavorisées aux services financiers appropriés, le gouvernement a opté pour l'encouragement des initiatives privées qui partent de la base. Il a dans ce sens publié en avril 2001 une déclaration de politique nationale de la microfinance , qui dans sa stratégie vise à :
- améliorer l'articulation d'une part entre les institutions de microfinance elles-mêmes, et d'autre part, avec leur environnement d'insertion ;
- créer et aménager un cadre administratif, juridique et judiciaire favorable et propice au développement des institutions de microfinance ;
- promouvoir le professionnalisme et la transparence dans la gestion des institutions de microfinance ;
- consolider et étendre le développement harmonieux des institutions de microfinance sur l'ensemble du territoire national ;
- encourager les accords de partenariat entre les projets de développement, les organisations non gouvernementales, les institutions de microfinance et le système bancaire ;
- rapprocher les institutions de microfinance et les organisations socio-professionnelles des producteurs.
Le gouvernement a dans la même perspective, négocié et lancé avec le concours du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), un projet de consolidation et de développement du secteur de la microfinance au Cameroun, ou Projet d'appui au Programme national de MicroFinance (PPMF). Ce projet gouvernemental a pour mission de faciliter l'accès aux services financiers de proximité à toutes les catégories défavorisées de la population, avec un accent particulier sur la zone rurale.
Pour suivre la politique nationale de microfinance et proposer des ajustements éventuels, l'Etat a créé le Comité National de Microfinance (CNMF), qui est un organe tripartite regroupant l'Etat, la profession et les bailleurs de fonds. C'est un cadre de concertation et d'orientation de la politique nationale de microfinance.
Les enjeux de la diversification
Le développement spectaculaire de la microfinance a permis, avec la mise en place d'un grand nombre d'institutions de microfinance (IMF), de couvrir un nombre significatif de personnes dans le monde (environ 60 millions).
Parce qu'il reste des besoins importants à couvrir (on estime à 600 millions le marché potentiel de la microfinance…) et parce que la demande de la clientèle actuelle des IMF évolue, la diversification des produits financiers offerts par les IMF est aujourd'hui au premier plan.
Se diversifier : une stratégie récente des IMF
Dans une première phase de développement de la microfinance, le savoir-faire des IMF est resté focalisé sur des produits faciles à gérer (souvent, le micro-crédit solidaire), permettant une certaine «standardisation», donc une croissance rapide permettant l'atteinte de l'équilibre financier. Une hypothèse implicite était que le client serait satisfait de tels services – puisque ce client était par ailleurs exclu des systèmes financiers formels, et était prêt à payer un taux d'intérêt élevé contre un accès à ces services.
L'arrivée à maturité du secteur de la microfinance change cette donne : d'une part, les IMF matures ont une meilleure capacité à gérer des produits financiers diversifiés ; d'autre part, la concurrence naissante entre institutions pousse les IMF à vouloir davantage fidéliser leurs clients, et mieux analyser leurs besoins pour adapter leurs produits. L'abandon de certaines IMF par leur clientèle insatisfaite, phénomène observé récemment, met en valeur la nécessité d'élargir la gamme des produits, pour répondre à des besoins en évolution.
Le constat de besoins encore non couverts
Paradoxalement, alors que se sont multipliées ces dernières années les institutions de microfinance, et que la concurrence entre systèmes de microfinance commence à apparaître sur certaines zones, ou auprès de certaines clientèles spécifiques, le constat des limites des services offerts par ces institutions apparaît plus nettement.
D'une part, la tendance naturelle à répliquer des méthodologies et « modèles » dominants sur une région a souvent conduit à focaliser les institutions existantes sur des segments de marché étroits. Sur un pays donné, dans un secteur dont le financement est très largement assuré par quelques bailleurs de fonds, il est tentant de reproduire ce qui marche, plutôt que de se lancer dans de l'expérimental, aussi novateur soit-il. L'exemple le plus frappant de cette dérive est celui de la Bolivie : dans ce petit pays d'Amérique Latine ; la microfinance s'est développée à un rythme impressionnant à partir de 1990, dans un contexte d'environnement réglementaire favorable. Ce développement accéléré (les micro-crédits –offerts par différents types d'institutions- touchaient 120 000 clients en 1998, et 416 000 en 1998) a débouché sur une situation de compétition entre différents systèmes financiers (banques, crédit à la consommation, IMF) sur la même clientèle urbaine, principalement dans la ville de La Paz. Cette concurrence exacerbée s'est traduite non par une baisse massive des taux proposés aux emprunteurs, mais par une surenchère sur les montants de prêts octroyés, aboutissant à un surendettement des clients – et des difficultés fortes pour les institutions, en contrecoup. Paradoxalement, alors que la situation de concurrence extrême sur la capitale remettait en cause la pérennité des services accordés et donc la couverture de la clientèle urbaine (416 000 clients à fin 1998, moins de 380 000 mi 2001), aucune offre de services financiers n'existait ou presque en milieu rural – réputé plus risqué, non adapté aux techniques de prêts aux micro-entrepreneurs développées massivement par les institutions de crédit en milieu urbain.
D'autre part, on l'a vu, le savoir-faire des IMF est resté essentiellement focalisé sur des produits faciles à gérer, permettant une certaine « standardisation », donc une croissance rapide permettant l'atteinte de l'équilibre financier. Une vision dite « minimaliste » de la microfinance, plaidant pour une mise en place rapide d'institutions offrant des produits simples et déconnectés des services non financiers, a dominé le secteur – mais on en voit aujourd'hui les limites.
Le cœur des services financiers offerts par les IMF (hormis des produits d'épargne simples) est en général le micro-crédit à court terme (durée inférieure à douze mois). Ce micro-crédit est en général adapté pour financer la trésorerie des activités génératrices de revenus et de la micro-entreprise. Cela couvre bien évidemment une partie des besoins seulement ; dès que l'on parle d'investissements (pour l'agriculture comme pour les micro-entreprises), il est nécessaire de prêter plus d'argent, sur une plus longue durée. Or cela n'est pas si simple pour les IMF : pour des crédits plus élevés, les mécanismes de garantie type caution solidaire ne peuvent s'appliquer et l'institution ne peut pas pour autant se limiter aux garanties classiques prises par les banques ; pour des crédits d'investissement à moyen terme, l'analyse et le suivi des prêts doivent intégrer à la fois la personne (approche de la plupart des IMF, qui « présélectionnent » l'emprunteur mais n'analysent pas ou très peu l'activité ; l'objet du crédit est libre) et l'activité/l'entreprise (approche bancaire d'analyse de la rentabilité, de la trésorerie…).
A titre d'exemple, deux domaines sont insuffisamment couverts par l'offre en microfinance :
- Le segment des micro- et petites entreprises :
Les IMF ne couvrent pas le plus souvent un certain nombre de besoins en investissement ou renouvellement de l'équipement de l'entrepreneur, qui exigeraient des crédits à moyen terme. Par ailleurs, l'approche « minimaliste » du crédit implique que la plupart du temps, il n'est pas souhaitable que les IMF offrent un appui-conseil ; or lorsque l'on parle de micro- ou petites entreprises d'une certaine taille, la question de l'appui-conseil se pose réellement (accès à l'information, appui en gestion, en recherche de débouchés…). Par ailleurs, compte tenu des risques de l'activité (notamment en termes de saturation de secteur) et des montants de crédits considérés il peut sembler nécessaire d'étudier davantage les demandes de crédit – alors que les IMF privilégient le plus souvent des modes de sélection et de remboursement rigoureux. Ainsi, le créneau que l'on appelle souvent « méso-finance », entre micro-crédit pour de petites activités, et crédits classiques, reste très peu couvert par les services financiers existants.
- Le financement des activités agricoles :
Les institutions de microfinance sont, du moins dans certaines régions, largement issues du milieu rural (Afrique de l'Ouest, Asie du Sud-Est), et restent souvent, après la faillite des banques publiques de développement, la seule offre de services financiers accessible (avec les services informels) pour les familles rurales. Mais deux facteurs limitent l'intervention des IMF en milieu rural : d'une part, elles sont focalisées sur le court terme, avec souvent une exigence de remboursements réguliers, ce qui permet de financer principalement des activités de commerce, de petit artisanat, de transformation agro-alimentaire. Les activités de moyen terme restent en dehors de leur champ. Par ailleurs, les activités agricoles sont soumis à des risques importants, qui tendent à décourager un certain nombre d'IMF soumises à des impératifs rapides d'équilibre financier, en l'absence d'outils de sécurisation efficaces des crédits.
Des initiatives nouvelles
En réponse à ces limites identifiées, des exemples d'institutions spécialisées se développent (ACEP en Afrique, plusieurs exemples en Europe de l'Est pour les crédits à des microentreprises), et les IMF existantes n'ont pas dit leur dernier mot ; des expérimentations de produits novateurs, et intéressants, sont en cours (crédit-stockage, crédit-bail…) au même titre que des outils de sécurisation du crédit (sociétés de caution mutuelle, centrales de risque…).
Les innovations des IMF essaiment donc, et de nombreux nouveaux
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