microassurance
Microassurance
A l'instar de la microfinance, le terme « microassurance » désigne l'adaptation de services d'assurance à des clients, essentiellement à faibles revenus, n'ayant pas accès à des services d'assurance classique. Ce terme recouvre en réalité des types de services extrêmement variés : assurance vie, santé, invalidité, élevage, assurance sur les récoltes, assurance mobilière et immobilière…
Enjeux pour les IMF
La microassurance au sens large est parfois présentée comme un « nouveau produit financier » potentiel pour des institutions de microfinance (IMF). A priori, une diversification vers des produits complémentaires d'assurance peut être séduisant pour une institution de microfinance. Les IMF les plus « matures » sont de plus en plus conscientes de la nécessité d'une diversification de leurs produits pour fidéliser leur clientèle ; elles constatent en parallèle l'impact des décès ou des problèmes de santé sur le remboursement des crédits et le budget de leurs clients. Du point de vue des IMF, une assurance peut être un moyen de limiter le risque sur l'activité de crédit, et de plus en plus d'institutions semblent aujourd'hui tentées par une diversification dans le domaine de l'assurance. Il existe de fait quelques exemples connus d'IMF ayant développé des services d'assurance (SEWA en Inde, BRAC au Bangladesh…).
Crédit, épargne et assurance : une même logique, pour les familles
Il existe une logique de complémentarité entre les services financiers offerts par les IMF et la microassurance. Pour une famille à faibles revenus, le micro-crédit permet en effet de maintenir ou développer des activités ; l'épargne permet une stratégie de prévoyance face aux dépenses futures, prévues ou non. Cependant, une situation de crise importante, imposant des dépenses bien au-delà de l'épargne accumulée, peut avoir un impact décisif sur cette même famille – l'obliger à se surendetter, vendre une partie de l'outil productif – compromettant parfois plusieurs années d'accumulation liée au crédit.
Dans ce cas, les mécanismes informels de recours à la famille ou aux proches, de même que l'épargne familiale, s'avèrent souvent inadéquats ou insuffisants.
Un service d'assurance, permettant de faire face à cette crise, peut donc être un outil complémentaire cohérent.
L'assurance, produit complémentaire de gestion du risque
Pour une IMF, il est important de déterminer quel est le service financier le plus adapté pour protéger du risque ses clients. Outre l'assurance, deux produits peuvent être des moyens efficaces de gestion du risque : l'épargne et les prêts d'urgence.
En assurance, on préfère au terme de « risque » celui de « sinistre ». La pertinence d'un produit complémentaire d'assurance dépend de deux facteurs : l'importance du sinistre et la probabilité du sinistre. Si le préjudice potentiel (ex : perte d'argent pour une famille) est très important, mais sa probabilité faible, l'assurance est sans doute une réponse adéquate. Mais si au contraire, le préjudice est faible, alors l'épargne ou le prêt d'urgence peuvent être davantage adaptés (Brown et Churchill, 1999). Il n'est donc pas toujours utile, ni nécessaire pour l'IMF, de développer de produits d'assurance en complément de ses services d'épargne et de crédit.
Pour comprendre
On définit en général un produit d'assurance à l'aide de quatre éléments (BIT, 2004) :
- L'événement assuré : l'événement déclencheur (par exemple, le décès de l'assuré) qui provoque le paiement par l'assureur d'une indemnité.
- Le montant de la prestation : c'est l'indemnité que l'assureur peut payer à l'assuré lorsque se produit l'événement assuré (exemple : une somme forfaitaire, ou le solde d'un prêt).
- Le bénéficiaire : la personne à qui est payée l'indemnité si l'événement assuré intervient.
- La durée de la couverture : la période pendant laquelle l'événement assuré doit intervenir pour donner droit au paiement de l'indemnité.
Il existe de nombreux produits d'assurance possibles ; sans les répertorier tous, on distingue en général trois grandes catégories :
- Les produits d'assurance patrimoniaux (portant sur des biens) pour lesquels les risques de fraude, renforcés par le caractère informel de l'environnement, sont difficiles à gérer. Dans ce type de contrat, si le risque ne se réalise pas, les assurés n'ont rien en retour (si ce n'est l'assurance d'être protégés). Ils sont donc moins populaires auprès des clients plus démunis, qui ont souvent des priorités plus immédiates dans l'allocation de leurs ressources.
- L'assurance santé est un produit complexe. Elle couvre une grande variété de risques qui peuvent se renouveler. Elle s'appuie sur l'intervention de fournisseurs externes de soins de santé, ce qui complique énormément la mise en place. Les risques de fraudes (faux sinistres, surfacturation) sont également importants, et exigent des systèmes de prévention souvent sophistiqués. Enfin, il faut arriver à atteindre très rapidement une taille critique pour mutualiser les risques à une échelle suffisante. Malgré ces difficultés, des expériences intéressantes existent, notamment en Afrique (mutuelles de santé).
- Le produit phare de la microassurance reste aujourd'hui l'assurance vie. Son caractère hybride entre produit d'assurance et produit d'épargne est particulièrement bien adapté au contexte de la microfinance. Beaucoup d'IMF ont également mis en place des produits d'assurance-vie très simplifiés, qui par exemple permettent le remboursement du prêt en cours en cas de décès de l'emprunteur.
Risques / recommandations
- Des compétences et des moyens spécifiques
Il existe des compétences techniques spécifiques au métier de l'assurance :
- Définition de tarifs réalistes : quel est le montant que doit payer l'assuré (la « prime ») ? A quelles prestations cela donne-t-il droit ? Le produit sera-t-il in fine rentable ?
- Anticipation des coûts administratifs et des indemnisations ;
- Critères d'admissibilité des assurés (par exemple, assure-t-on des individus, ou des familles entières ?) ;
- Prévention des fraudes ;
- Vérification des demandes d'indemnisation.
Par ailleurs, les services d'assurance sont pour les ménages pauvres beaucoup moins attractifs que des services financiers, crédit en particulier. Il faut un minimum d'effet de 'démonstration', et des techniques 'marketing' spécifiques, pour convaincre les assurés potentiels – ce qui peut être assez décourageant pour des agents de crédit formés exclusivement à la microfinance. D'autant qu'en général, il n'existe pas de formation locale adaptée permettant de maîtriser ces aspects techniques.
De plus, l'activité d'assurance exige la constitution de réserves complémentaires, pour préserver l'assureur de demandes d'indemnisation anormalement élevées ; or les IMF ont des réserves limitées. Il est également rare que des possibilités de réassurance soient ouvertes à ce stade aux IMF, peu connues des rares assureurs de la place (qui n'excluent cependant pas de s'intéresser à ce marché à terme).
Une autre difficulté est que la gestion de la trésorerie et des placements réalisés après collecte des primes est essentielle en assurance ; or si les IMF ont besoin de capitaux, en revanche les crédits ne sont pas des investissements suffisamment liquides en cas de sinistres massifs pour la compagnie d'assurance.
- Définition de tarifs réalistes : quel est le montant que doit payer l'assuré (la « prime ») ? A quelles prestations cela donne-t-il droit ? Le produit sera-t-il in fine rentable ?
- Les conditions préalables à vérifier, pour une IMF
Lorsqu'une IMF envisage de proposer un produit d'assurance, il lui est tout d'abord nécessaire d'analyser attentivement les aspects suivants :
- Un environnement réglementaire favorable : il est nécessaire d'étudier les dispositions réglementaires qui peuvent influencer l'activité de microassurance (dans un certain nombre de pays, il n'est tout simplement pas possible pour les IMF de proposer des produits d'assurance).
- Des capacités institutionnelles suffisantes : l'IMF a-t-elle les capacités de proposer des produits de microassurance ? Il s'agit pour l'IMF d'évaluer correctement sa capacité à s'engager dans un secteur nouveau, ce qui touche à de nombreux domaines : la vente de produits d'assurance répond-elle à la mission de l'IMF ? La rentabilité de l'institution est-elle suffisante pour permettre cet investissement ? Les ressources humaines et les outils internes (système d'information, contrôle) sont-ils adéquats ? Les capacités marketing sont-elles développées ?
- Une compréhension claire de la demande : même si ce point est toujours difficile à estimer, il est important pour l'IMF de chercher à vérifier 1) que l'assurance, parmi les produits possibles de gestion du risque, est le plus adapté ; 2) qu'il existe une vraie demande pour le produit d'assurance.
- Une compréhension des concurrents et partenaires potentiels : existe-t-il des partenaires potentiels (compagnies d'assurance par exemple) susceptibles d'apporter une expertise à l'IMF ? Le type de service envisagé est-il déjà proposé par d'autres et si oui, à quelles conditions ? Peut-on tirer des leçons d'autres expériences ciblant les personnes à faible revenu ?
De manière générale, une fois ces conditions préalables analysées, il est recommandé pour les IMF souhaitant se lancer en microassurance de se limiter à des produits d'assurance simples : assurance vie et assurance invalidité. L'assurance santé est probablement l'un des champs les plus difficiles à maîtriser, et il est déconseillé aux IMF de se lancer dans la vente de ces produits.
- Un environnement réglementaire favorable : il est nécessaire d'étudier les dispositions réglementaires qui peuvent influencer l'activité de microassurance (dans un certain nombre de pays, il n'est tout simplement pas possible pour les IMF de proposer des produits d'assurance).
- Externaliser l'activité d'assurance, une solution pour les IMF
On l'a vu, la gestion d'un produit d'assurance exige des compétences et moyens spécifiques, qui représentent un investissement important pour une IMF. L' « externalisation » consiste à confier à une compagnie d'assurance la gestion de l'activité d'assurance, l'IMF assurant généralement la distribution du produit.
Lorsqu'une externalisation fonctionne bien, cette formule peut présenter de réels avantages (BIT, 2004) :
- L'intérêt pour l'IMF est de pouvoir se concentrer sur ses activités de base, tout en diversifiant ses produits ; le coût d'investissement sur ce nouveau produit est défini clairement ; le lancement du produit peut également être plus rapide.
- Pour le client, les produits conçus par des professionnels de l'assurance peuvent être plus intéressants et moins chers que ceux développés par les IMF (Brown et Churchill 2000).
- Pour la compagnie d'assurance, l'intérêt est de se positionner sur une clientèle qui ne serait pas directement atteignable, grâce au rôle de l'IMF ; d'autres avantages peuvent être induits (améliorer son image).
A l'inverse, il est possible d'argumenter sur les risques de l'externalisation, l'IMF ayant de fait une capacité de contrôle réduite de l'activité : les promesses faites par l'IMF ne sont pas toujours tenues par son partenaire (exemple de SEWA ; BIT 2004). L'impact sur la relation entre l'IMF et sa clientèle peut donc être négatif. Par ailleurs, l'externalisation a un coût : et lorsque l'intérêt stratégique n'est pas évident pour le partenaire, ce coût peut être élevé.
Enfin, il n'est pas forcément évident pour une IMF de trouver un partenaire qui soit à la fois intéressé à cibler cette clientèle (notamment lorsque le marché de l'assurance est encore vaste et la concurrence faible), et qui présente les garanties de sérieux nécessaires ; ni d'établir, sur la durée, de véritables relations de confiance avec ce partenaire. Tout dépend donc du contexte et de la capacité de monter un tel partenariat ; et bien sûr de la complexité des produits d'assurance envisagés.
- L'intérêt pour l'IMF est de pouvoir se concentrer sur ses activités de base, tout en diversifiant ses produits ; le coût d'investissement sur ce nouveau produit est défini clairement ; le lancement du produit peut également être plus rapide.
Exemples
L'assurance sécheresse : un produit innovant de l'IMF BASIX, en Inde
En Inde, le secteur de la microfinance représente aujourd'hui plus de dix millions de personnes, dont 77 % en zone rural. En combinant le mouvement de libéralisation engagé dans le secteur de l'assurance et un nombre important d'IMF intervenant auprès des ménages pauvres, l'Inde dispose désormais d'une base propice à l'innovation en terme de microassurance. Un autre élément renforçant le dynamisme de ce secteur tient à la relation particulière établie entre compagnies d'assurance et organisations de la société civile. L'Indian Regulatory and Development Authoriy (IRDA) exige de la part des compagnies d'assurances de réaliser 15 % de leurs transactions en zones rurales, et ainsi à collaborer avec les IMF. Il existe donc en Inde de nombreuses coopérations entre IMF et compagnies d'assurances pour répondre à la demande en microassurance. Par ailleurs, de nombreuses études établissent un lien entre les fatalités météorologiques et l'aggravation des conditions de vie des foyers ruraux dépendant essentiellement de revenus liés à l'agriculture. Selon ces études, suite à une catastrophe climatique (sécheresse, inondations, cyclones, etc.), les investissements sont réduits, la main d'œuvre salariée sans emploi, les enfants sont retirés de l'école, le niveau d'endettement et d'asservissement s'aggrave, etc. (Hess, Richter et Stoppa, 2002). Face aux risques météorologiques, le gouvernement indien a introduit depuis maintenant une vingtaine d'années le National Agricultural Insurance Scheme (NAIS) visant à offrir des produits d'assurance contre la sécheresse aux petits agriculteurs. Mais ce service est loin de faire l'unanimité et de nombreuses voix s'élèvent contre lui (Parchure, 2002). Ses performances ont été jugées mauvaises tant au niveau économique que social. Entre 1985 et 1999, 4 milliards de roupies de prime d'assurance (72 millions d'euros) ont été collectées alors que 23 milliards d'indemnités (412 millions d'euros) ont été versées soit un rapport de 1 à 5,72. De plus, de fortes inégalités régionales marquent le versement des indemnités. Alors que l'Etat du Gujarat ne représente que 16 % de l'ensemble des polices d'assurances collectées, ce même Etat a reçu 58 % de l'ensemble des indemnités distribuées (Hess 2003). Basix, une IMF indienne, a été l'une des organisations qui a relayé les critiques des agriculteurs. Les problèmes soulevés tenaient à l'existence de malversations dans la récolte des données ou des indemnités jamais versées, elles reflétaient un mécontentement général. Différents acteurs se sont réunis pour travailler ensemble à l'élaboration d'un nouveau produit : des ONG porteuses d'un message des populations qu'elles appuient, des compagnies d'assurances cherchant à diversifier leur clientèle et à répondre aux incitations édictées par le gouvernement, la Banque Mondiale travaillant sur des innovations pour réduire les risques des familles rurales et les IMF et les banques à la recherche de partenaires fiables. Basix : le prestataire du service innovant Basix a été l'une des premières Non Banking Finance Company (NBFC) indiennes à mener des activités de microfinance de manière professionnelle. Créée en 1996, Basix intervient dans sept Etats indiens, essentiellement au sud de l'Inde. De taille modeste en comparaison avec les très grandes IMFs de l'Inde ou du Bengladesh, elle couvre néanmoins de façon directe quelques 150 000 clients pour environ 1 200 salariés (http://www.basixindia.com/). Cette IMF ne propose pas seulement des services d'épargne ou de crédit mais poursuit également des activités de formations, de développement (électrification, vulgarisation) et d'appui aux ONG « généralistes » dans ces différents domaines. Depuis 2003, en tant qu'intermédiaire, Basix propose des services de microassurance à ses clients. Plus de 60 000 polices d'assurance ont été vendues à ce jour. Les compagnies d'assurance avec lesquelles travaille cette IMF sont de grandes compagnies du secteur privé. Les principaux services disponibles sont des assurances vie en partenariat avec AVIVA Life Insurance, des assurances bétail avec la Royal Sundaram Alliance General Insurance Company Ltd. et récemment la mise en place d'un programme pilote pour une assurance sécheresse avec la Banque Mondiale et la ICICI Lombard. Répondant au schéma de l'agent intermédiaire, Basix met à la disposition des compagnies d'assurance sa structure administrative de distribution des produits. Le service : de l'assurance sécheresse à l'assurance du capital productif Avec le support de la Banque Mondiale, la ICICI Bank Lombard a élaboré un service innovant dans la gestion des risques météorologiques. Ce service est présenté comme une assurance sécheresse couvrant certaines cultures sur une période de 4 mois correspondant à la saison des pluies. Ce service a été testé lors de la saison 2003 auprès de 60 agriculteurs sur le seul district de Mahabubnagar. Dans ce district de l'Andhra Pradesh (centre sud de l'Inde), des milliers de familles migrent chaque année en milieu urbain afin de compléter le budget du ménage auquel les revenus des productions agricoles ne suffisent pas. Les précipitations moyennes pour ce district sont de 604 mm par an (438 en 1999 ; 658 en 2000 ; 754 en 2001). De plus, les précipitations se concentrent durant la mousson des mois d'octobre et novembre où l'on enregistre 489 mm en moyenne, soit 81 % des précipitations de l'année. Le principe suivi lors de la première année a été de baser le paiement de l'indemnité « sécheresse » en fonction du déficit pluviométrique sur l'ensemble de la saison. Par exemple, le minimum de pluie nécessaire à la culture d'arachide était estimé à 653 mm. Pour le paiement d'une police à 450 roupies (8 €), la première indemnisation de l'assurance intervenait à 15 % de déficit pluviométrique (555 mm) pour un montant de 200 roupies (3,6 €). Pour une prime de 900 roupies, l'indemnisation était de 300 roupies. A 50 % de déficit hydrique ce montant était respectivement de 2 275 (40 €) et de 4 975 roupies (89 €). Le plafond était atteint à 100 % de déficit c'est-à-dire 0 mm ; ce qui n'arrive jamais. Suite à des discussions avec les agriculteurs, des techniciens, des chercheurs de l'Icrisat début 2004, le système a été très largement modifié. Plusieurs doléances ont été émises par les agriculteurs. En premier lieu, ils ont mis en évidence que la pluviométrie totale pouvait être normale avec un déficit de pluie au semis par exemple et un excès de pluie plus tard, (à la maturité). Dans un tel cas, les effets peuvent être catastrophiques pour les cultures alors que le total des pluies est considéré comme « normal ». Deuxièmement, ils pointaient du doigt le fait qu'un maximum d'indemnisation établi pour une pluviométrie de 0 mm n'ait pas de sens puisque cela n'arrive jamais. Une autre partie des revendications a porté sur les relevés pluviométriques et demandaient à avoir des données au niveau du mandal (équivalent du canton) plutôt qu'au seul niveau du district (équivalent du département). Enfin, le système leur paraissait globalement trop complexe, il leur était difficile de vérifier par eux-mêmes le mode de calcul. Tenant compte de ces remarques, l'objectif a été de faire coller le système à la réalité en prenant en compte le cycle de culture et de déconnecter l'indemnisation du montant de la prime d'assurance. En effet, les agriculteurs comprenaient mal que soit établies des indemnisations différentes en fonction du montant de prime versée. Aussi, en 2004, un nouveau dispositif a été testé auprès de 232 exploitants (dont 30 des 60 premiers clients), sur environ 100 ha dans les 3 districts correspondant à l'espace d'intervention de la Krishna Bhima Samruddhi Local Area Bank Limited (BKS LAB Ltd.), l'une des filiales du groupe Basix. Les modalités : Les agriculteurs payent une police d'assurance dont le montant est fixé par type de culture (arachide ou ricin) et proportionnel à la surface assurée. Le montant de la prime d'assurance pour une acre (4 047 m²) s'élève à 200 roupies (3,6 €) pour l'arachide et 250 pour le Ricin. Ensuite, un index est fixé selon les périodes du calendrier de culture. Si les précipitations sont inférieures à cet index, l'assuré reçoit une indemnité qui varie selon le niveau de précipitation enregistré, une indemnisation maximum est fixée pour chaque période. Par exemple pour l'arachide : Minimum de pluie déclenchant l'indemnisation :
Les indemnisations maximales pour chacune des périodes sont de 1 500, 2 000 et 2 500 roupies. A la demande des agriculteurs, les relevés sont désormais effectués au niveau du mandal qui est une échelle administrative regroupant plusieurs villages. Ces relevés sont effectués dans des stations météo officielles. L'un des éléments ayant permis l'élaboration de ce service tient à l'existence de relevés météorologiques depuis 25 ans à 40 ans suivant les régions, permettant aux compagnies d'assurance d'effectuer des simulations pour le calcul de rentabilité de leur produit. En 2005 le même système sera repris avec quelques aménagements comme l'intégration de la notion de pluie minimum (ne seront comptabilisées dans les cumuls que les pluies supérieures à 5 mm). L'objectif négocié en 2005 entre Basix et la ICICI Lombard est de placer 10 000 polices d'assurances. Elles ne sont plus obligatoirement liées à un prêt. Les agriculteurs n'ayant pas suscrit de prêt à la banque KBS LAB peuvent néanmoins bénéficier de l'assurance. Cette année, le projet devrait couvrir l'ensemble des zones d'interventions des différentes agences du groupe Basix, soit 7 Etats indiens. Les résultats de la campagne 2004 et les perspectives Les simulations sur 25 ans établies par la compagnie d'assurance ne sont malheureusement pas disponibles. A priori la probabilité pour qu'un agriculteur puisse bénéficier d'une indemnisation maximale paraît très faible. Il faudrait que le déficit hydrique se produise sur les trois périodes. A l'issue de la campagne 2004, le service était déficitaire et les agriculteurs ayant souscrit une assurance avaient tous été indemnisés au-delà de leur cotisation. La somme totale récoltée par l'assurance s'élevait à 88 000 roupies (1 570 € ou 1 million de FCFA) alors que le montant des indemnités atteignait 448 000 roupies (8 000 € ou 5,3 millions de FCFA), soit un rapport de 1 à 5. Un des éléments contribuant à la satisfaction des agriculteurs est la rapidité du versement des indemnités à la fin de chaque période (au plus tard un mois après la fin de la période). Ceci, s'ajoutant à une relative facilitée de lecture du fonctionnement du service, a concouru à la participation des agriculteurs à son utilisation et à son amélioration. L'objectif de BASIX n'est pas de prendre en charge les risques à la place des agriculteurs, mais de les aider à gérer ces risques. Aussi, le montant des indemnités ne couvre pas les pertes de production mais l'investissement productif constitué par les semences, fertilisants et pesticides. L'objectif n'est pas d'assurer un revenu (ce serait bien trop coûteux) mais d'éviter à l'exploitant de perdre ce qu'il a investit et notamment de lui permettre de rembourser les emprunts contractés pour effectuer cet investissement. L'une des idées avancées par la philosophie Basix est d'allier les services pour la promotion de l'activité (Livelihood promotion) avec des services assurant sa protection (livelihood protection). En se focalisant sur le déficit de précipitation qui pénalise les agriculteurs, Basix intervient sur un risque sur lequel les agriculteurs ont peu de prise. En synthèse… Avec l'arrivée sur le marché microfinancier de grandes compagnies d'assurances utilisant les IMF comme support de distribution, la gestion des risques liés aux aléas climatiques pour les petits exploitants devient possible. Les agriculteurs des zones sèches peuvent utiliser ces services comme parade face à un élément sur lequel ils n'avaient pas de prises et donc atténuer un risque majeur de déséquilibre de l'exploitation agricole. Le service proposé par BASIX présente de vrais atouts : il garantit au paysan de conserver son investissement. Il n'assure pas une production mais un capital productif. Rassuré face au risque de perte de son investissement, l'agriculteur peut être plus enclin à développer ses activités. Ces investissements pourraient prendre la forme de la mise en culture de plus de terres avec des productions nécessitant un investissement de départ (l'arachide par exemple à la place du mil ou du sorgho pour lesquels l'investissement, notamment financier, est quasi nul). Développer davantage ces services nécessite toutefois des compagnies d'assurance solides, capables d'encaisser ce type de risque co-variant et pouvant intervenir plusieurs années de suite tout en diversifiant leur approche afin d'offrir un large éventail de services. D'autre part, le développement de ce service n'est pas toujours aisé : la mauvaise expérience de l'assurance mise en place par le gouvernement et des malversations qui l'ont accompagné peut véhiculer une mauvaise image (d'assurance « vache à lait »), et la promotion de l'assurance en zone rurale est plus difficile que celle de l'épargne ou du crédit. Ce type de service doit donc être expérimenté à petite échelle. Généraliser ce programme, surtout si les méthodes de commercialisation tiennent peu compte du contexte où s'établit le produit, peut conduire à créer des comportements de résistance au concept d'assurance. Source : Fouillet C., BIM du 24/5/05 |
Trois exemples de microassurance santé au Bangladesh
Le Bangladesh est connu pour son dynamisme dans le domaine de la microfinance, et la multiplicité des expériences reconnues dans ce domaine. C'est un pays où les indicateurs de portée des IMF sont impressionnants, en raison notamment d'une forte densité et d'une mobilisation sociale forte : la Grameen Bank, à elle seule, couvre plus de deux millions de personnes. Les différents domaines du développement (microfinance comme santé) se caractérisent par la présence d'un tissu impressionnant d'ONG de tous types, avec une tutelle de l'Etat assez faible. Le secteur de la santé, en particulier, est essentiellement organisé par les ONG, relais des grands programmes d'Etat et initiatrices d'une offre de soins de proximité. L'objectif central évoqué en général dans ces programmes est la lutte contre la pauvreté, et le ciblage des plus pauvres est une préoccupation affichée de la plupart des ONG.
Quelques réflexions issues de ces exemples : Le réseau social impressionnant dont bénéficient ces ONG du Bangladesh, notamment grâce aux activités de microfinance attractives, facilite manifestement la diffusion de l'assurance. Dans le cas de BRAC comme dans celui de Grameen, où le système d'assurance de santé est ouvert aux clients de microfinance comme aux non clients, la proportion d'assurés par ailleurs emprunteurs reste significative (65 % dans le cas de Grameen). La logistique calée sur le remboursement des crédits est aussi un facteur facilitant le paiement des cotisations. L'impact de ces programmes de microassurance, malgré les chiffres de couvertures élevés, reste d'une portée limitée dans le contexte du Bangladesh. De fait, l'assurance reste un produit moins attractif que le crédit. Par ailleurs, comme le souligne l'étude, les organisations se montrent prudentes sur la définition des produits d'assurance, mais en contrepartie les garanties proposées aux assurés sont relativement limitées. De ce fait, les services de microassurance ne s'avèrent pas toujours attractifs, comme l'indiquent les taux de réadhésion faibles enregistrés par BRAC, ou la nécessité d'intégrer l'assurance dans le crédit pour toucher une population suffisante, dans le cas de DSK. Les éléments financiers disponibles ne permettent pas de se faire une idée claire de la viabilité des différents services. Toutefois il semble bien que les services d'assurance soient difficilement rentables, et restent financés par les autres activités des ONG, ce qui soulève quelques craintes pour la pérennisation de ces activités. Source : Poursat C., BIM du 4 / 5 /2004 |
Pour en savoir plus
Pour avoir accès à une liste exhaustive de documents en ligne en microassurance, voir le site d'ADA-Luxembourg à la page suivante : http://www.microfinance.lu/ada/internal.php?a=s_l&c_n=293&SID=69584c81346af58ee5050f079235797f
La lettre trimestrielle microassurance
Microassurance est une lettre trimestrielle publiée dans le cadre du groupe de travail sur la microassurance du CGAP pour faciliter l'échange d'information entre les acteurs du secteur. Sur l'ensemble de ces thématiques, cette revue propose en quelques pages des points et des exemples, auxquels contribuent les principaux praticiens. Enjeux pour les IMF
7 numéros sont parus à ce jour :
Voir le lien : http://www.microfinance.lu/ada/internal.php?a=s_l&c_l=2&c_n=268&SID=26614894395ffa99f9e19a6f8d788ba4
http://www.microfinance.lu/comas/media/d33_lignesdirectricesprliminairesenmicroassurancedestinesauxbailleurs.pdf
http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/Bim-2005/BIM-10-05-05.pdf
http://www.microfinance.lu/comas/media/d33_lattraitlepigedelamicroassurance.pdf
Churchill C.F., Liber D., McCord M.J., Roth J., L'assurance et les institutions de microfinance, Guide technique pour le développement et la prestation de services de microassurance, BIT, 2004. Ce guide peut être téléchargé depuis la page suivante : http://www.microfinance.lu/ada/internal.php?a=s_l&c_n=293&SID=69584c81346af58ee5050f079235797f
D'autres guides techniques sont également disponibles sur cette page.
http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/BIM-2004/BIM-20-01-04.pdf
http://www.microfinance.lu/comas/media/d33_lamicroassuranceestelleuneprioritpourlespauvres.pdf
Fouillet, C., Assurance sécheresse : entre gestion du risque climatique et investissement dans les exploitations agricoles (
Les produits d'épargne volontaire
Une demande réelle…